Toi qui traînes ta vie
comme un filet de pêche
En marchant tête nue
vers les voix de l'amour
Tu sauras qu'ici bas
où chacun se dépêche
Les joies éparpillées
font aller et retour
Tu regardes le ciel
comme un cadeau de noce
Tu espères de lui
des escaliers d'argent
Et puis, désabusé
tu reroules ta bosse
En courant comme
un fou parmi les océans
Sur ton beau navire
Qui a pour nom
Janot du Matin
Il y a le bon, le pire
Que tu tiens entre
tes deux mains
Toi qui pêches au soleil
pauvre pêcheur de lune
Toi qui pêches, à la lune
pauvre pêcheur d'été
Tu essaies d'attraper
les étoiles une à une
Et chacune est pour toi
ta pièce de monnaie
Tu ressembles, vois tu
à ce voleur poète
Qui fabriquait, dit on
il y a déjà longtemps
Avec beaucoup de soins
car il était honnête
Des pièces de cent sous
qui lui coûtaient dix francs
Je ne sais pas pourquoi
on dit en Angleterre
Chaque verre qui tinte
est un marin qui meurt
Que ce soir, s'il vous plaît
il ne tinte aucun verre
J'aurais trop de soucis
pour mon pauvre pêcheur
Sur son beau navire
Qui a pour nom
Janot du Matin
Il est parti sans rien dire
En me tendant la main